Ce lendemain de déluge nous étions environ une douzaine au départ. Les gros nuages s’étaient retirés pour quelques heures, laissant
planer mollement quelques patrouilleurs pour rappeler qu’ils n’abandonnaient pas le terrain céleste. Nous avons démarré ensemble.
Assez tôt le groupe s’est scindé en deux demi-douzaines, l’une constituée de dieux élégants, fauves puissants et véloces lévriers
prenant le large, l’autre de simples mortels, affables et contemplatifs, les regardant s’éloigner en goûtant la tranquillité du
moment. La séparation fut d’abord de courte durée, les fauves divins s’apercevant que la présence bavarde des mortels ordinaires leur
manquait. Ils se laissèrent rattraper et nous formions à nouveau un ensemble qu’un observateur extérieur aurait naturellement considéré
comme homogène et harmonieux. Au bout de quelques kilomètres supplémentaires cependant, « les costauds », comme on dit, malgré
l’authentique attachement qu’ils nous manifestaient, cédèrent, définitivement cette fois, à l’appel grisant du galop. On les revit
toutefois le temps d’une pause sous la halle d’Arzacq, où nous eûmes en outre le grand plaisir de retrouver Christian qui, parti de chez lui
en solitaire, se joignit à nous. Le retour se fit à bon train mais sans douleur, par Louvigny et Lonçon, puis la crête jusqu’à Bournos, d’où
l’on pouvait voir les Pyrénées émergeant des vapeurs de la nuit, fraîchement blanchies jusqu’au pied.
Très belle matinée en somme, avec une pensée affectueuse pour ceux qui étaient restés à la maison, et reconnaissante pour Aline, Marie-
Claude et Michou qui représentaient le CCPL à Arengosse où avait lieu la journée d’ouverture de la Ligue Aquitaine.
Yves