Pentecôte à
Najac
L’Aveyron, comme le Lot, comme le Tarn, est
de ces verts territoires où l’eau, goutte à goutte, siècle après siècle, ronge le calcaire et élargit les fissures, entaillant profondément les immensités sauvages des causses. Cette patiente
sculpture modèle de somptueuses gorges.
Conséquence de cette œuvre érosive, seules les routes qui longent les lits des rivières épousent des profils proches de l’horizontale. Mais s’aventure-t-on d’une vallée à l’autre, alors ce ne
sont que kilomètres de descente, auxquels succèdent immanquablement tout autant de kilomètres de montée. Pas de pentes aux terrifiants pourcentages, comme on peut en affronter dans certains
coteaux béarnais, ou escarpements basques, mais pas de répit non plus au cours de ces longues alternances. C’est au fil de ces exigeantes topographies que s’oxydèrent les jambes des cyclos de
Poey qui avaient élu Najac comme lieu de villégiature pour la Pentecôte.
Mais il ne s’agit pas seulement d’un week-end sportif. C’est avant tout l’occasion, que l’on pédale, que l’on marche, ou que l’on s’abandonne à la contemplation, de découvrir en des lieux
inconnus d’autres paysages, d’autres architectures, d’autres histoires, d’autres témoins d’un passé, que ceux qui nous sont familiers.
Et ce que nous apprécions alors par-dessus tout, lors de cette belle parenthèse de trois jours et deux nuits, c’est ce temps partagé où les soucis sont en sommeil, où les tensions sont apaisées,
et que l’on explore sans contrainte des ruelles médiévales, l’esprit libre et ouvert.
C’est aussi l’apéritif sous les frondaisons, les repas servis en longues tablées animées, et le café sur la terrasse, le regard dominant la vallée, avec comme constante balise la fière et
aérienne silhouette de la forteresse invincible de Najac.
Y.C.