Nous nous étions donnés rendez-vous le samedi 8 Juin sous la halle de Poey dés 6H15 . Après avoir
intégré chacun nos véhicules respectifs , munis de nos bagages, dont le nécessaire à Apéro, nous prîmes la route pour un trajet de 400 KMS , direction Rivière sur Tarn en Aveyron
.
Petite halte à l'aire de Volvestre, pour pose café, croissant, et nous reprîmes la route. Après
avoir dépassé Albi,la vue embrassait des paysages vallonnés et lointains, puis ce fût un paysage étonnant coloré de rouge qui nous attendait autour de Saint Affrique. La terre, les maisons en
Pierre, et même la rivière, tout était de couleur rouge ! Ceci étant dû à,la présence d'oxyde de fer dans les roches riches en silice que l'on appelle les rougiers ( Merci google
!..)
Autour de midi, nous nous sommes tous retrouvés à notre point d'arrivée, le camping de Peyrelade,
situé en bordure de Gave que l'on appelle ici rivière .situé à l'entrée des fameuses gorges du Tarn.
Nous prîmes possession de nos logements , et notre premier repas tous ensemble.
L'après midi fût consacrée à la première découverte à vélo ou en voiture de la région pour nous
rendre au village de Peyre classé, plus beau village de France, situé à une vingtaine de kilomètres. Sur notre route, la bien nommée route des cerisiers, des champs de cerisiers, s'étendaient à
perte de vue !... Un appel trop fort à la gourmandise...
Puis nous passâmes sous le viaduc de Millau, avec ces piles impressionnantes s'élançant vers le
ciel ! Nous atteignîmes le village de Peyre accroché à la paroi rocheuse et tout de pierres vêtues . Un magnifique spectacle nous attendait, avec à nos pieds, la rivière s'écoulant paresseusement
et au loin dans les airs, la fine ligne du viaduc,traversant majestueusement la vallée , tout en grâce et en légèreté.
Le café des amis nous attendait, sur une belle terrasse ombragée, dominant toute la vallée, car
comme il se doit, malgré toutes ces beautés, nous devions penser à nous réhydrater !..
Le retour au camping, se fit dans la bonne humeur avec un petit arrêt pour les plus gourmands,au
pied d'un cerisier, qui nous tendait les bras sur le bord de la route .
Le soir un menu moules frites fût servi, et nous prîmes RV le lendemain à 7H30, pour le petit
déjeuner suivi d'un départ cyclo à 8H30 pour un parcours de 50KMS devant nous mener au Causse de Sauveterre. Malheureusement, nombre d'entre nous se sont désistés, à cause d'un ciel
pluvieux non engageant.
13 d'entre nous prirent le départ malgré tout pour l'aventure, et quelle aventure !...Après la
première ascension de quelques kilomètres, l'orage éclata, des éclairs déchirèrent le ciel chargé de nuages, et éclatèrent non loin de nous, déchargeant les nuages de leur surplus d'eau, nous
décidions de nous protéger, une maison isolée apparût non loin de nous, et nous nous abritâmes tant bien que mal collés à la façade . Heureusement celle ci était habitée par une famille de
vacanciers, qui le coeur sur la main, n'hésita pas à nous faire entrer pour nous abriter, sous les arches de la bâtisse, à ce moment là nous nous sentîmes en sécurité. Comble de générosité, les
occupants des lieux nous invitèrent à prendre le café à l'intérieur, nous voila donc tous réunis autour d'une grande tablée à siroter un café et à échanger , quelle belle rencontre !.. qui
restera gravée au fond de notre mémoire;
Voila que notre galère initiale, se transforme en souvenir mémorable , je me souviens des mots de
notre hôte " ce n'est pas grand chose "" mais ça compte beaucoup !
Après avoir remercié sincèrement nos hôtes et que l'orage fût passé, nous reprîmes la route pour
un retour paisible.
L"après midi fût consacrée à la visite du Viaduc de Millau, oeuvre d'art et d'ingénierie de tous
les superlatifs..
Après une halte au bord du Tarn, autour d'une grande tablée, pour déguster le verre du bien être,
nous sommes retournés à notre logement pour l'apéritif dédié à l'amitié, suivi du repas , la spécialité régionale l'aligot. Ne voulant pas se quitter après ce repas roboratif, un tournoi de
babyfoot fût organisé où une ambiance et des clameurs dignes des plus grands tournois s'entendaient bien au delà du camping !
Julien fût le roi du tournoi, et nous proposa même de prendre une bière au bar .
Le lendemain pour la dernière sortie vélo, nous menant aux Gorges de la Dourbie, puis à la Roque
Sainte Marguerite et à Peyreleau, ce fût un feu d'artifice visuel, par la beauté des paysages sauvages et celle des villages médiévaux traversés ,la route nous sembla réservée ce jour là
aux cyclistes.
Dernier apéritif et repas en commun, et ce fût le retour au pays des gaves, avec malgré tout un
brin de nostalgie, mais je pense que chacun d'entre nous a constitué un bel ensemble harmonieux, par la bonne humeur, le partage et l'émotion.
Raphaël
Au pied des causses courent des rivières…
L’esprit, dont on sentit au premier instant le souffle parmi ceux qui s’étaient
retrouvés pour la Pentecôte, était à la fois celui de la bienveillance, et celui que chacun laissa éclore en soi, les sens en éveil au contact de ce qu’une nature inhabituelle avait à
offrir.
Pour ceux qui pédalèrent jusqu’à Peyre, village adossé, voire incrusté dans la falaise qui domine le Tarn, à l’instar de son église Saint-Christophe, cet esprit fut d’abord révélé par la vue et
par le goût. Car la route traversait une verdure de paradis, immense jardin ouvert planté de cerisiers à perte de vue. Comment, alors, ne pas retrouver un regard dilaté d’enfant, devant un arbre
vu comme don du ciel, posé là sur le bas-côté à bout de bras, branches chargées d’opulentes grappes de fruits brillants et charnus, d’un rouge à faire perdre la tête au plus austère des
pénitents ? Avec une avidité de grives nous avons englouti par poignées ces cerises dont le jus sucré allait transcender le goût en divin plaisir…
Le lendemain matin, alors que l’orage avait grondé une partie de la nuit, on monta en lacets sur le toit du causse de Sauveterre. Le soleil avait fini par crever les nuages et la vue somptueuse
embrassait l’encaissement de la vallée et les vastes entablements calcaires. Mais à quelques encablures du plateau, alors que le ciel s’était drapé d’un gris sinistre, un éclair le déchira de bas
en haut. L’air frissonna quelques instants puis une détonation résonna jusque sous la peau, faisant vibrer nos os. Sur le bord de la route les premiers arrivés avaient fait halte au pied de
l’unique habitation des lieux, une haute et imposante maison caussenarde en pierre du pays. Quand la pluie redoubla, tous s’alignèrent le long du mur spontanément choisi comme abri de fortune. Un
nouvel éclair, en forme de chevelure de magnésium incandescent, fut suivi l’instant d’après d’une cascade de craquements terrifiants. La Terre et le ciel vibraient. Sans nous toucher, la foudre
avait ébranlé nos imaginations. Certains d’entre nous étaient tombés à genoux dans l’herbe détrempée. Les mains tendues au dessus de leurs têtes implorantes ils invoquaient Zeus, Thor et Indra.
D’autres, secoués de convulsions, rampaient dans la mousse et se roulaient dans les orties dans l’espoir d’exorciser les démons cosmiques. Soudain, au dessus des compagnons qui stationnaient en
rang d’oignons, un homme parut à la fenêtre. Souriant et avenant, il invita à venir s’abriter sous la terrasse. Les dieux avaient donc entendu la plainte qui montait des orties. Nous étions déjà
bienheureux sous les providentielles voûtes lorsque, quelques minutes plus tard, l’homme nous proposa de monter prendre un café. L’intérieur était de ceux qui nourrissent les rêves d’espace, de
hauteur et d’infini, au cœur imputrescible des poutres séculaires. Autour d’une table de longueur propice à l’accueil on parlait et on riait, sauvés des eaux et des foudres par une famille
inconnue venue des contrées rhodaniennes, avec dans ses bagages son humanité simple comme une évidence. Partis au matin sous la menace des airs instables, nous avions rencontré ces gens, pour un
instant sans veille ni lendemain, instant qui devenait parenthèse d’éternité, trouant le champ du prévu et du prévisible. L’orage passé, ce fut pour nos hôtes le reflux de l’invasion et pour nous
le retour au campement.
L’après-midi s’accentua le retour au calme atmosphérique et l’on put, s’approchant du pont de Millau, comprendre l’ingéniosité des techniciens, admirer le génie des architectes, se réjouir de
l’esthétique de l’ouvrage, et apprécier l’ampleur du travail des mains qui avaient transformé l’idée en matière.
Ainsi magistralement se prolonge le souci immémorial de franchir les vallées ou les détroits, pour commercer ou voyager, sans oublier de conserver au paysage sa beauté, afin que chaque passage ne
lui soit pas une insulte.
De retour en bas on prit le temps précieux d’être oisif, d’abord à la guinguette au bord de la rivière, bavardant sur rien en se délectant avec lenteur de la délicate amertume d’une bière de
Chicago, puis toujours au bord de la rivière, devant nos chalets autour d’une table couverte de bouteilles qui en se vidant nous emplissaient du simple bonheur d’être là.
D’autres moments me restent en mémoire, comme la quête de galets sur la grève étincelante, blanchie par la fine couche de calcaire que dépose le Tarn sur les pierres de son rivage depuis des
centaines de millénaires. L’un cherchait le galet « ultime », celui qui, alliant forme plate et densité, réunirait les qualités idéales pour planer, effleurer, rebondir et atteindre par
ricochets la rive opposée. L’autre était concentré sur la recherche impossible du galet parfaitement sphérique…
Il y eut aussi, à la nuit tombée, la partie de baby-foot sous le kiosque dédié à ce jeu capable de porter l’excitation à des paroxysmes de gaieté communicative se propageant aux spectateurs
agglutinés, et de gloire sublime autant qu’éphémère, dont « Juju » fut le héros le plus concentré.
Le lundi de Pentecôte est une sorte de miracle, un jour offert au travailleur comme une prolongation païenne de l’onde religieuse. Ce bénéfice temporel fut mis à profit par chacun pour diverses
occupations, dans la quiétude de cette douce période.
Pour ceux qui pédalèrent, une délicieuse randonnée débuta en longeant la Dourbie jusqu’à La Roque Sainte-Marguerite et se poursuivit en gravissant une petite route merveilleuse qu’un éboulement
avait interdite à la circulation automobile, ainsi rendue au silence et à la liberté de laisser sans crainte le regard se gorger de la beauté des lieux, pour une ultime conquête du causse.
La descente vers Peyreleau-Le Rozier fut grisante et joyeuse, et le dernier retour enrichi de coups d’œil sur quelques uns des joyaux romans dont les pierres aux teintes chaudes donnent envie de
revenir…
Yves