Notre ami repose sous une forêt de fleurs.
Ce matin dans la lumière vive du printemps les flamants roses ont arrêté silencieusement un instant leurs bicyclettes (soudainement intimidées ) devant la dalle de marbre des
montagnes.
Et cet instant fut heureux.
Le trop-plein du désespoir emplira longtemps encore les yeux de sa compagne. Mais sous les larmes il y aura la persistance d’un désir de vivre, car elle se souviendra que cet homme trop tôt
foudroyé se sentait vivant lorsqu’il pouvait mettre son cœur au service de ce qu’il savait faire. Longtemps encore face au vide elle sentira en elle les secousses de la révolte.
Mais sous la révolte il y aura l’instant heureux où des gens de passage feront halte dans sa maison. Elle ouvrira la bouteille de nectar doré des coteaux. On parlera de ce que l’on sait, on se souviendra de cet homme, et avec toutes ces histoires que chacun racontera en levant son verre, elle le verra vivre, encore…
yves coupel